vendredi, avril 29, 2022

Les ans

 

 

Les ans qui passent

Et qui s’allongent

À tire de temps

À tire d’ailes

Comme les Corbeaux

De la Mort

Se vautrent

Sur mes épaules

D’Homme usé

Qui va mourir.

 


 

Les ans m’ont vu

Dans la folle jeunesse

De mon âge

Embrasser à bouche

Que veux-tu

Les lèvres tendres

De la Vie

Le sein tendu

Du Bonheur

Qui se donne.

 

Les ans ont fait

De mon visage d’enfant

La forêt vierge

D’une barbe fournie

Dont mes petits-enfants

Arrachaient un à un

Les fils de la trame

S’entrainant par cela

Pour quelque histoire d’Amour

À l’effeuillage des marguerites.

 

Les ans ont voulu

Par leurs vents glacés

Envoler de mon crâne

Encore fier et pensant

La toison que jadis

Coiffait souvent ma Mère

Comme pour une fille

Tant elle dégoulinait

En avalanche d’or

Sur mes épaules nues.

 

Les ans ont vidé

Sans que j’m’en aperçoive,

Alors que je croyais

A ma virilité

Alors que, le dos pliant

Je draguais la « Minette »,

Mes batteries génitales,

Perles de mon anatomie,

De leur fluide d’Amour

J’peux plus prendre mon pied !

 

Les ans m’ont balafré

De leurs griffes pointues

Au-dessus des sourcils

Aux commissures des lèvres

De larges cicatrices

Qui, comme les cercles du bois,

Indiquent au tout-venant,

En sombres caractères

Que la chose exposée

Est presque centenaire.

 

Les ans qui se bousculent

Au funeste portillon

De mon calendrier,

Ces ans qui fredonnent

Le fatal Requiem

Quand je ferme les yeux,

Ces ans qui se couchent

Sur la paillasse pourrie

De mon corps effondré

Ces ans qui me dévorent,

 

Je les laisse m’étrangler

Je les en remercie

Ils ne savent pas, les bougres,

Que du haut de ma mort,

Intouchable enfin

Heureux intemporel,

Sans façon je les renvoie

Par mon inexistence

Rejoindre le rang d’oignons

De Dame l’Eternité !

 

 

 

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Texte et Illustrations-Photos D.M. alias Hombre de Nada 1974-2022.

 

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